Annette Muller

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Annette Muller
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Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Anna MullerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
Genre artistique
Œuvres principales
La petite fille du Vel' d'Hiv', 1991

Annette Bessmann, née Anna Muller le à Paris 12e et morte le au Blanc-Mesnil[1],[2], de famille juive, est une rescapée de la rafle du Vélodrome d'Hiver[3]. Son autobiographie La petite fille du Vel' d'Hiv, publiée en 1991, est l’un des rares témoignages directs de la rafle et du destin des prisonniers.

Biographie[modifier | modifier le code]

Rafle du Vel d'Hiv plaque en face de la station de métro Bir-Hakeim.
Plaque.

Enfance[modifier | modifier le code]

Annette Muller naît le à Paris, de parents[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14] Polonais (de Tarnów), émigrés en France en 1929 pour échapper aux persécutions anti-juives et à la pauvreté. Sa mère Rachel Muller (née Weiser) est née le à Wojnicz en Pologne[15]. Elle vient d'une famille pauvre et orthodoxe. Son père Manek (1909-2002), militant communiste, est tailleur.

Le couple de jeunes mariés s’installe à Paris, dans la petite maison au 3, rue de l’Avenir dans le 20e arrondissement de Paris, où naissent leurs quatre enfants : Henri, Jean, Annette et Michel.

Manek était en contact avec les membres de la CGT-MOI- Main d’œuvre immigrée[16].

La rafle de 1942[modifier | modifier le code]

Avec les persécutions anti-juives en France, pour Manek Muller arrive le chômage. Les jours avant la rafle, il est hors de la maison, proche à se rendre dans le camp de travail pour immigrants juifs à Creil (Oise) ; étant prévenu, il réussit à s'enfuir et à se cacher[16],[17].

Au début de la rafle, les fils plus âgés (Henri et Jean, de 10 et 11 ans) s'enfuient, aidés par leur père, ils sont cachés dans l’orphelinat catholique de Neuilly-sur-Seine par sœur Clotilde Régereau, des Sœurs de Saint Vincent de Paul[16],[18],[19].

Annette, sa mère et Michel (âgé de 7 ans), sont arrêtés, menés dans le camp temporaire du Vélodrome d'Hiver, puis déportés après six jours dans le centre de détention de Beaune-la-Rolande. Dans ce camp, tous les enfants sont rapidement séparés de leurs parents et abandonnés à eux-mêmes, sans soins et soumis aux abus des gardes du camp[16],[17].

La fuite et le témoignage[modifier | modifier le code]

Rachel Muller réussit à corrompre une garde et à envoyer une lettre à son mari, comme tous les adultes, elle est envoyée à Auschwitz. Elle est déportée par le convoi no 16, en date du de Pithiviers vers Auschwitz[20] où elle est assassinée la même année, elle a 33 ans[21].

Annette et Michel sont menés au camp de Drancy.

En le père d’Annette est aidé par un membre polonais de l’Union générale des israélites de France et réussit à faire passer ses deux fils prisonniers pour des ouvriers fourreurs, requis par les Allemands sur le Front de l'Est ; ensuite, ils sont menés à l’ancien asile de rue Lamarck, puis à l’orphelinat catholique de Neuilly-sur-Seine de sœur Clotilde Régereau et, enfin, à la maison d’enfants du Mans (orphelinat pour les Juifs) jusqu’en 1947.

Après la Libération, Annette Muller épouse Daniel Bessmann qui fut résistant dans les Basses-Alpes. Elle exerce différents métiers, puis elle devient attachée territoriale et travaille à la formation du personnel communal du Blanc Mesnil[22].

En 1991 Annette Muller publie son autobiographie[23],[24] : La petite fille du Vel d'Hiv : du camp d'internement de Beaune-la-Rolande (1942) à la maison d'enfants du Mans (1947), Éditions Denoël.

Ce récit est composé de trois parties principales : son enfance, la guerre (1939-1942) et la rafle du Vélodrome d'hiver.

« Soudain j'ai entendu des coups terribles contre la porte. On s'est dressées le cœur battant. Deux hommes sont entrés dans la chambre, grands, avec des imperméables beiges. « Dépêchez-vous, habillez-vous, ont-ils ordonné. On vous emmène. » Brusquement, j'ai vu ma mère se jeter à genoux, se traînant, enserrant les jambes des hommes beiges, sanglotant, suppliant : « Emmenez-moi, mais je vous en prie, ne prenez pas mes enfants. » Eux la repoussaient du pied. »

— Annette Muller, La petite fille du Vel' d'Hiv, 1991[25]

Motivations et messages[modifier | modifier le code]

Annette Muller veut « juste qu’on parle des enfants car on n’en parlait jamais ». Dans les années 1970, rien dans l’espace public, aucune plaque, aucune liste de noms ne rappelait leur histoire. On ne parlait pas non plus des camps d’internements.

Elle raconte des colères comme lors d’un débat où personne ne veut l’écouter, ou quand elle veut obtenir une carte d’interné, et qu'on lui a demandé si elle en avait les preuves ou encore quand elle entendait « Les enfants n’ont pas de mémoire … » ou bien « Les enfants ne souffrent pas … ». Puisque personne ne l’écoutait, elle s’est dit, si je l’écrivais …

Elle rédige ce livre en très peu de temps, durant l’année 1976. Annette Muller envoie donc son histoire à plusieurs éditeurs mais tous, lui apportent une réponse négative. C’est en 1991, que son récit apparaît au grand public. Elle voulait que « la terre entière sache ce qui lui est arrivé ».

Publication[modifier | modifier le code]

  • Annette Muller, La petite fille du Vel' d'Hiv, Éditions Denoël, Paris, 1991 ; nouvelle édition par Annette et Manek Muller; Éditions Cercil, Orléans, 2009, préf. de Serge Klarsfeld, prix Lutèce du Témoignage

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alexandre Arlot, « Figure du Blanc-Mesnil, «la petite fille du Vél d’Hiv» s’en est allée », sur Le Parisien,
  2. Insee, « Acte de décès d'Anna Muller », sur MatchID
  3. Maurice Rajsfus, La rafle du Vél d'Hiv, ed. Presses universitaires de France, 2002, pages 31 et 44, (ISBN 9782130514497)
  4. Annette Muller, la petite fille du Vél'd'Hiv, en www.franceculture.fr
  5. Plus qu’un nom dans une liste: Rachel Muller, en jewishtraces.org, 27 mars 2012
  6. “Au Vel d’Hiv, mon enfance a basculé”, interview à A. Muller (Europe1)”
  7. Annette Muller, en Histoire d’en lire. Les fictions historiques pour la jeunesse
  8. Annette Muller, la petite fille du Vel d’Hiv, site du Comité Français pour Yad Vashem
  9. (it)Interview à Gilles Paquet-Brenner en cinemadelsilenzio.it
  10. L’histoire vraie d’Annette Muller, en www.bayam.fr
  11. Interview à Samuel Muller, en www.nordeclair.fr
  12. (en)Lisa Bryant, French Movie Recounts Role in Holocaust, ev 51voa.com, 10 avril 2010
  13. La rafle du Vel' d'Hiv' racontée par Annette Muller, déportée à 9 ans.
  14. Un voyage pas comme les autres - un film de Samuel Muller.
  15. Voir, klarsfeld, 2012.
  16. a b c et d Thomas Rabino, Michel Muller, rescapé du Vel d'hiv', en Marianne, 11 juillet 2012
  17. a et b (it)Laurence Rees, Auschwitz. I Nazisti e la soluzione finale, Oscar Storia Mondadori, Milano, 2006, 115 ss.
  18. (en)Susan Zuccotti, The Holocaust, the French and the Jews, Basic Books, New York, 240
  19. La rafle du Vél d'Hiv, Au Field de la nuit, 1er mars 2010
  20. Voir, Klarsfeld, 2012.
  21. Rachel Muller (???? - 1942) : 3, rue de l'Avenir. Les plaques commémoratives du 20e.
  22. USC Shoah Foundation Institute, University of Southern California, Être Juif en France pendant l’Occupation. Expériences vécues de la persécution : le port de l’étoile jaune. Biographies des témoins, p. 2
  23. Magazine littéraire, numéros 284 à 289, page 63, 1991.
  24. Paris Match, numéros 3172 à 3180, 2010, page 77.
  25. Mémorial de Caen, Les enfants dans la Shoah, page sur Annette Muller
  26. [1]
  27. [2]